Rouges jardinspar Guy Grandjean
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Une atmosphère disparue

Nature

Le photographe  Kazuyoshi Nomachi, qui m’a aimablement autorisé à montrer ces remarquables photos, a fixé pour l’éternité  la vie des peuples dits nilotiques avant que  les guerres ne ravagent  cette région. Très grands et sveltes, ils vivent en symbiose étroite avec leur ressource principale, des bovins aux longues cornes.

On les appelle les Dinkas, mais eux se nomment « les hommes », comme on appelé Eskimos ceux qui étaient Inuits… ou Bushmen les San du Kalahari…

Les vaches sont vénérées, aimées, pleurées même… si la mort s’invite… Elles ne sont sacrifiées que pour les grandes occasions, le mariage d’un chef par exemple. Adolescents, les hommes choisissent chacun un boeuf, qui les représente, paré de toutes les vertus, bien sûr, à leur image…
 

Ce sont des bêtes dociles, qui se laissent astiquer les cornes sans le moindre problème. Avant la traite, elles subissent sans broncher une insufflation vaginale, qui stimule la production de lait. Cette stimulation a été pratiquée par de nombreux peuples pasteurs, que ce soit en Afrique, en Inde, ou en Europe. Elle provoque une montée d’ocytocine, l’hormone de lactation principale avec la prolactine. La traite quotidienne en est facilitée. En Inde, c’est Gandhi qui a fait interdire cette pratique.

C’est dire l’intense relation qu’ils tissent avec la nature, et le monde bovin en particulier qui leur offre  la vie dans un écosystème difficile. Près des marais, les attaques de mouches et moustiques sont incessantes; la cendre de bouse, dont ils se parent diluée dans l’urine, les éloigne en partie.

Qu’une vache lève la queue pour se soulager, et c’est le bonheur d’une douche très recherchée dans cette atmosphère poussiéreuse et desséchante.

Le soir,  le lit est un matelas de cendres dans lequel, noyé jusqu’au cou, le dinka ne craint guère la fraîcheur de la nuit…