Rouges jardinspar Guy Grandjean
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L’homme met le diable dans sa poche

Bactériologie

 

 

 

Les Marsupiaux australiens sont les survivants d’un grand groupe animal universellement répandu dans les temps anciens. Le kangourou et le koala en sont les représentants les plus connus. Les femelles de ces animaux primitifs ne disposent pas de placenta. Ils naissent donc après une gestation fort courte, à l’état d’ébauche. Ils se scotchent immédiatement à une des tétines situées au creux de la fameuse poche, le marsupium, nid douillet qui sera leur refuge jusqu’à la grande enfance. Ce sont les ancêtres des mammifères actuels : ils leur ont laissé la place partout, sauf en Océanie où ils ont continué à évoluer, occupant les différents biotopes. Contre toute attente, leurs morphologies sont étonnamment proches de celles de nos compagnons placentaires. Les biologistes australiens se sont posés la question suivante : ces petits embryons très peu développés, sans système immunitaire, comment font-ils pour survivre dans cette poche, chaude et humide, mais ouverte à la vie, c’est à dire ouverte d’abord à quantité de bactéries dont certaines peuvent être agressives ?  Cette question naïve vient d’ouvrir la voie à un pan entier de recherche. Ils ont analysé le lait des femelles marsupiales, et c’est sans surprise qu’ils y ont trouvé des substances antibiotiques. Mais, agréable trouvaille, certaines de ces molécules inhibent des pathogènes redoutables, qui commencent à poser des sérieux problèmes de résistance en médecine humaine. Certains de ces peptides, les cathelicidines, ont pu ensuite être synthétisées.

On a l’impression qu’il est toujours en train de grogner.

 

C’est le lait du Diable de Tasmanie, espèce de blaireau d’abord peu sympathique, qui a produit ces molécules Saha-CATH5 et Saha-CATH6, qui ont retenu l’attention des chercheurs. La première est active sur les Staphylococcus aureus MRSA et les Enterococcus faecalis VREF, qui posent de sérieux problèmes dans les hôpitaux américains.

Et ce qui est extrêmement intéressant, c’est que ces molécules sont peu toxiques pour les cellules de lignée humaine, alors que cette famille de peptides antibiotiques déjà connue, se heurtait toujours à ce problème pour son usage thérapeutique chez l’homme. C’est peut-être le début d’une belle histoire comme celle de la découverte de la pénicilline…

Notre civilisation s’intéresse aujourd’hui au Diable de Tasmanie, mais il y a 150 ans, s’était désintéressée des habitants de cette île, au point de les exterminer jusqu’au dernier, comme du gibier, après le passage de l’alcool et des épidémies.

 

 

 

Tasmanienne : la dernière