Rouges jardinspar Guy Grandjean
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Le dernier round d’un médecin de campagne

Bactériologie

Dans les années 1960, peu de temps avant sa mise en retraite, ce médecin voit arriver à son cabinet un enfant de quatre ans, en fâcheuse posture : il a les plus grandes difficultés à respirer, bave d’abondance, bouche ouverte, et tirant la langue, sa souffrance fait peine à voir. Le médecin appelle aussitôt l’hôpital pour une admission en soins intensifs, où l’enfant est intubé en urgence, cortisoné, antibiotiqué, et se sort de là sans la moindre séquelle. Les hospitaliers félicitent les parents d’être dans les mains d’un médecin généraliste « aussi énergique ». L’histoire fait le tour du canton, où effectivement un autre enfant était décédé quelques années avant de la même histoire. Mais la plupart des patients furent surpris du commentaire, car ce médecin généraliste était connu « pour être très lent ». Lui-même dira plus tard aux parents que ça avait été une première pour lui, car il n’avait pas eu au cours de sa carrière un seul cas d’épiglottite aigüe. Cette pathologie est devenue aujourd’hui encore plus rare, puisqu’elle est due à une infection bactérienne à Hemophilus influenzae, et que le vaccin contre cette bactérie se pratique depuis les années 1990.