Rouges jardinspar Guy Grandjean
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Haro sur un ver corse

Médecine

De l’eau pure, un rêve ou de la nostalgie ?

L’animal le plus abondant sur terre, en terme de biomasse, est un ver.

C’est le ver de terre, notre brave lombric, et ses cousins. L’agrobusiness l’ignore superbement, et il a grand tort. Les avalanches de pesticides de ces dernières années l’ont décimé, au sens propre du terme (divisé par 10). Du coup nos terrains agricoles sont infiniment moins troués.

La saleté de l’eau de nos rivières en est une des conséquences visibles. Le sol trop compacté s’érode à la moindre averse, et l’eau chargée de terre ruisselle vers les points bas.

Le parasite le plus abondant sur terre, après l’agent du paludisme, est un ver également. Mais c’est un ver beaucoup plus petit, à peine visible, microscopiquement abordable.

C’est le schistosome du sang, qui provoque la bilharziose urinaire. Il nous pénètre par la peau, au cours d’une baignade, puis s’installe dans notre système sanguin. Après accouplement, il pond près de la vessie, où les oeufs sont expulsés, puis reinfestent le milieu aquatique par les urines.

Il ennuie sérieusement 200 millions de personnes, au bas mot. Surtout dans des pays peu administrés. Car quand on a décidé d’avoir sa peau, c’est une maladie qui disparait, et facilement, avec la connaissance qu’on en a acquise. Voilà, tout est désir, envie, volonté…

L’Algérie a décidé un beau jour de ne plus avoir de palu. En très peu d’années, le palu a disparu d’Algérie. Le Maroc a décidé un beau jour de ne plus avoir de bilharziose, il n’a plus de bilharziose, et ceci en très peu d’années…

Et chez nous, le pays le plus remarquablement administré du monde, voilà que cette minable scrofulence, ce petit ver dégoutant, cette insignifiance grelottante, s’invite chez nous, quel toupet ! Et voici donc notre jolie Cavu, petite rivière Corse, interdite de baignade ! Quelle est cette histoire de fou ?

C’est certainement un, ou des bilharziens qui, en pissant dans le Cavu, ont provoqué notre émoi. Car dans le Cavu vit naturellement un petit escargot, le Bulin. Car dans le Cavu vit naturellement un autre schistosome, qui ne s’intéresse qu’au bovin. Et voici notre petit ver qui se met à fricoter avec le ver du boeuf ! Et voici donc la naissance d’un hybride…

Qui peut coloniser les hommes, puisque l’autre hôte nécessaire, le petit escargot est un habitant du Cavu. Et voilà : si tous les bilharziens du monde se donnaient la main, pas plus, pour ne pas être graveleux, et arrêtaient de pisser dans l’eau, ce schistosome appartiendrait aussi sec au paradis des espèces défuntes, puisqu’il ne parasite que les hommes. Et l’hybride avec…

Mais voilà, avec des si, on mettrait Lutèce en amphore. Il y a quelques années, un cas de paludisme autochtone avait été signalé en Corse. Cette montagne plantée en mer arrête les nuages, méconnait donc les problèmes d’eau, tout en jouissant d’un climat méditerranéen. C’est dire que ce petit pays est écologiquement compétent pour accueillir toute sorte de vermines.

Et ceci sans réchauffement climatique…

Mais il est d’administration française !