Rouges jardinspar Guy Grandjean
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Vraies chaines & simagrées

Mystique

Simagrées

Comme la plupart des singes sociaux, nous nous soumettons, où nous dominons : c’est notre socialité primitive, archaïque. A l’image de ce coursier, qui salue, et se soumet au désir du probable chef à qui est destinée la missive.

Pas question d’affronter son regard, ce qui serait sur l’instant interprété comme une agression.

Le regard de Napoléon fascinait ses adorateurs. Il en imposait à ses subordonnés. Mais il laissait de marbre les indifférents, qui étaient d’ailleurs peu nombreux.

Dans l’effroyable débâcle du retour de la « grande armée », personne n’entendait de grognards pester contre « leur empereur ». Un regard mauvais pouvait à cette époque vous entraîner dans le pré, « pour laver l’affront ». Les coups d’œil géraient les relations plus vite que les SMS. A tel point que les grecs pensaient que les yeux « émettaient de la lumière »!

Bien entendu, se greffe sur cette affectivité primordiale, commune à tous, notre univers proprement humain. Le rapport purement hiérarchique peut alors céder la place à l’échange. Les regards animaux se dissipent en regards de connivence.

L’évolution de la langue traduit quelque fois subtilement ces luttes affectives. Dans le domaine médical, les praticiens  parlent  maintenant d’IST, acronyme qui a remplacé MST; c’est une évolution bienfaisante de notre langue.

Car on sait maintenant qu’il n’existe pas de MST qui ne soient pas infectieuses… Il est donc naturel de parler maintenant d’infections sexuellement transmissibles, et d’ôter au passage la notion morale, de « mal », délicate à manipuler pour un médecin, qui par définition, soigne. Son métier n’est pas « de juger ». La médecine est avant tout  pragmatique, et les biologistes sont amenés à rechercher le gonocoque même dans les gorges des bonnes soeurs.

Parler d’HSH dans nos publications paraît plus surprenant. Finis les homosexuels et autres homosexuelles. Pourquoi pas ? Mais une fois de plus, le transbordement trans Atlantique de vocabulaire surprend.

Aux Etats-Unis, celui ou celle qui emploie le mot homosexuel en public, risque le procès. Mais ce n’est pas le cas en France, le mot homosexuel n’y a jamais eu de connotation négative, dans la mesure où il a remplacé « naturellement » le mot vulgaire « pd », au moment précis où notre société devenait plus tolérante.

Le mot pédé, lui, tout comme nègre, était d’une violence toute « simiesque ». Quand la tolérance s’installe, c’est l’hominisation qui avance, c’est le singe en nous « qui ferme son caquet ».

L’homosexualité, tout comme la transsexualité, a toujours existé dans toutes les cultures, et chez toutes les espèces animales. Les religions normatives ne les ont jamais admises, tout comme les gauchers, les albinos, et bien d’autres particularismes.

Bien sûr on voit là l’exercice d’un pouvoir, au sens simien, brutal.

Toujours est-il que grâce à nos scientifiques, »auto-colonisés » par les américains, nous héritons d’un acronyme curieux, HSH,  imprononçable de surcroît. Comme nous avons remplacé la maison de retraite par l’ehpad, extrêmement laid…

Prenons garde de ne pas robotiser notre langue, en perdant notre âme !

Et sombre alors la poésie.

Est-ce ainsi qu’un mot nait ?