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Nous n’irons plus à Canossa

Philosophie

 

 

Ambassadeurs du Siam rampant devant Napoléon III

Canossa est une ville italienne, connue pour son château dont il ne reste que des ruines sur un rocher des Apennins. En l’an 1077 y prit fin la partie de bras de fer engagée entre Henri IV, empereur d’Allemagne, et Grégoire VII, le pape de l’époque. Ce dernier fut le premier à s’opposer à la nomination des évêques par des laïcs. C’est « la querelle des investitures ». Les évêques recevaient la crosse et l’anneau, qui étaient les symboles de leur pouvoir au cours de ces cérémonies. Henri IV proclama la déchéance du Pape qui en réponse l’excommunia, et releva les sujets de l’empire du devoir d’obéissance au souverain. Rapidement, Henri IV fut abandonné de ses vassaux. Il dut monter, en plein hiver, au château de Canossa, y attendre trois jours, pieds nus dans la neige et sans couvre-chef, que Grégoire VII daigne le recevoir pour lever l’excommunication.

 

 


Religieux rampant devant son chef

Religieux rampant devant son chef

Se découvrir devant un supérieur hiérarchique témoigne d’un comportement archétypique : littéralement « se faire petit », le plus haut étant instinctivement considéré comme « le plus fort ». C’est une grande loi biologique, inscrite au fond de nos cellules, qui ont la mémoire de notre passé animal.
C’est ainsi que, l’espace d’un instant, une silhouette d’homme debout peut déconcerter un lion !

« Les filles ne nous font pas peur parce qu’elles sont toutes petites ». Chanson d’Alain Souchon.

 

 


Gnou rampant devant le dominant 

Gnou rampant devant le dominant

 

En fait, l’humiliation était feinte, et la lutte d’influence continua. C’est peu après, en 1123 que l’empereur Henri V, le fils, renonça à « la distribution des crosses», donc au pouvoir spirituel. Canossa est donc un théâtre : si accord il y a, il ne peut-être que mimé. La liberté est laissée aux spectateurs d’y croire ou non. Et les cœurs qui battent à ces occasions, sont sans doute encore des cœurs de fauves, de singes humains plus que d’hommes qui les singent. L’orgueil inoxydable de ces puissants personnages témoigne de cette affectivité animale ancestrale. Les hiérarchies s’établissent ainsi, comme dans toutes les espèces simiennes dites sociales. Les chimpanzés, les babouins, ou les gorilles, par exemple, vivent en groupes disciplinés.

Chez Homo sapiens, coexistent bien sûr des organisations très diverses. Mais à l’exception de quelques communautés tribales, une hiérarchie s’installe, et les luttes commencent.

 

 


Soumission à l'oriental

Soumission à l’oriental

                     L’attrait du pouvoir sur ses concitoyens, sur sa femme, sur son mari, ses enfants peut-être extraordinairement puissant ; quand il écrase l’amour, il inhibe l’éclosion de sociétés libres.

Les Annuak, peuple du sud du Soudan, nous le montraient à leur manière. La monarchie, d’essence divine, ne tolérait pas les signes de faiblesse du Roi ; c’est ainsi qu’il était étranglé dans le plus grand secret, quand les nobles estimaient qu’il était défaillant. Tous les prétendants savaient donc qu’ils étaient promis à une mort prématurée. Eh bien, cette charmante destinée ne les dissuadait guère. Les candidats étaient fort nombreux à chaque nouvelle intronisation !