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L’envie d’Anandibai

Médecine


Anandibai Joshi est née en 1865 en Inde. Anandi, femme heureuse, en Hindou. Dans une famille aristocratique plutôt progressiste, son père encouragea son gout pour la lecture, ce qui était un comportement plutôt rare à l’époque.

Mariée dès l’âge de neuf ans à son professeur, un homme de 25 ans qui voulait son éducation, quitte à utiliser des méthodes musclées, elle accouche de son premier enfant à l’âge de 14 ans. Le bébé meurt à l’âge de dix jours. Terrible épreuve, car c’est à onze jours que l’on baptise les enfants. Anandibai plonge dans la mélancolie, ce qu’on appelle dépression maintenant. Elle continue à étudier, apprend l’anglais.

Elle en sort déterminée à devenir médecin, persuadée que son bébé aurait pu survivre avec des soins appropriés. Elle était aussi convaincue de la nécessité de former des femmes médecins, qui pourraient dialoguer avec les femmes en détresse, ce qui était interdit aux hommes. Il fallait pour ça aller se former aux Etats-Unis. Impossible sans passer par l’école des missionnaires, qui exigèrent qu’elle se convertisse, ce qu’elle refusa. A quinze ans, aller à l’école n’était pas facile à Bombay. Rejetée, elle recevait volontiers  cailloux et  bouses de vache pour tant de culot, tant de différence. Mais elle s’accrocha, écrivit à des missions américaines, poussée par son mari qui l’aidait dans ses démarches.

Et en 1880, elle reçoit une lettre, la lettre, celle qu’on a tant attendue.

Theodocia Carpenter, une riche américaine du New Jersey, côtoie les missionnaires américains. Elle connait les déboires d’Anandibai, échange de nombreux courriers avec elle, et trois ans plus tard, l’accueille dans sa famille.

Mais ce déracinement n’est pas simple. Anandibai veut rester Indienne. Elle reste habillée à l’indienne, elle tient à ses plats végétariens si délicieux, qu’elle n’arrive pas à préparer dans les fours au charbon. Elle s’amaigrit, la dépression reprend le dessus, et une diphtérie faillit l’emporter. La doyenne de la faculté Rachel Bodley la recueillit alors chez elle, et elle put poursuivre ses études dans les meilleures conditions.

Une fois son diplôme en poche, sa santé se dégrada,  atteinte de tuberculose. Elle refusa les traitements américains de l’époque, persuadée que seule la médecine ayurvédique pourrait la soigner, et elle meurt en 1887.

Première femme médecin indienne, elle reste dans les mémoires.


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