Rouges jardinspar Guy Grandjean
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Décadence martiale depuis l’âge de fer

Médecine

 

 


Bison magdalénien. Peinture aux oxydes de fer. Exposition photo La Gacilly

Bison magdalénien. Peinture aux oxydes de fer. Exposition photo La Gacilly

Dans les continents tempérés, les hommes ont arrêté de nomadiser il y a dix mille ans. C’est ce qu’on a appelé la révolution néolithique, cette métamorphose du chasseur cueilleur en éleveur cultivateur.

Il leur a fallu alors défendre « becs et ongles » les territoires investis et bornés, leur ressource, ce qui a modifié complètement leur socialité. Les batailles inter tribales sporadiques et éparses ont laissé peu à peu place à la guerre. Pas de pays sans armée. Nourrir Rome, avec son million d’habitants, taille de cité jamais atteinte avant le XIX ième Siècle  sous-entendait la conquête du Nord de l’Afrique, grenier à céréales de l’époque.

L’homme s’est alors forgé un mental de territorial, la marseillaise néolithique s’est écrite dans ce bouleversement sans précédent, chantée par ce chauvin nouveau-né.

Ses rêves d’espaces, de découvertes se sont éteints dans l’enfer des voisinages.

 

 


La révolution néolithique. Labourage et paturage. Village de Melrand.(56)

La révolution néolithique. Labourage et paturage. Village de Melrand.(56)

Le microbe s’est aussi plu dans cette nouvelle promiscuité. Epidémies et guerres ont ainsi rythmé nos civilisations jusqu’à  » l’époque moderne », et bridé la galopante démographie.

C’est le souvenir de la pénurie menaçante qui a conforté cette violence enfouie dans notre cerveau reptilien.

Certains croyaient s’en sortir en accumulant, réflexe atavique de l’animal qui engraisse avant la mauvaise saison.

C’est ainsi qu’à certaines époques, on repérait les religieux dans les foules par leur tour de taille. C’est l’aristocrate, puis le bourgeois qui pensaient survivre, en accumulant des biens le plus souvent sans mesure. Les autres, qu’ils crèvent, quand la famine menace.

Quand on nourrit à volonté des souris, voilà ce qui se passe.

 

En gros, l’homme a suivi une grande loi biologique, il ne s’est pas montré beaucoup plus malin que la plupart des animaux : il s’est et se reproduit encore immodérément, sans jeter un oeil même sur la pérennité de son casse croûte.

Aujourd’hui le thon rouge et de nombreuses espèces de poisson, hier la morue, avant hier la sardine ; mais à la fin du néolithique, c’était déjà la même litanie, à une échelle locale.

L’agriculture puis l’élevage apportaient la solution à des chasseurs cueilleurs devenus indraguables, car bien trop souvent bredouilles, maigrichons, maladifs. L’introduction des céréales dans l’alimentation a sauvé notre multitude, c’est certain, mais elle nous a laissé depuis un casse tête diététique. Dans cette nouvelle donne, entre autres vitamines B12 , A, iode, le fer manque, et la vitamine C, son faire valoir, est bien souvent chiche à la fin de l’hiver. La quantité de protéines est limite, ainsi que leur qualité. Les légumineuses nous ont bien aidé, elles étaient même indispensables, choisies parmi les fèves, haricots ou pois.

Mais au moindre écart, ou manque, les femmes s’épuisaient d’anémie, addition à payer pour chaque soustraction hémoglobinique mensuelle, chaque règle. Car un atome de fer est accroché à chaque molécule d’hémoglobine, qui nous apporte l’oxygène dans l’ensemble de notre organisme, jusqu’à ses plus sombres recoins.

L’équilibre martial est rétabli dans nos pays depuis quelques dizaines d’années. Et il n’est plus besoin de s’abreuver de sang bovin qu’on allait chercher à l’abattoir après guerre pour redonner des couleurs à la jeune accouchée.

Mais la population mondiale est loin du compte ; au bas mot, au moins deux milliards de personnes carencées, et pourtant que le remède est simple !

Dans les pays pauvres la casserole en aluminium a aggravé la situation. Une équipe québécoise l’a montré en réintroduisant le pot de fer pour la cuisson. Des enfants éthiopiens ont gagné ainsi 1 gramme d’hémoglobine en un an, et de la croissance – de la vraie !- Ils  évitent aussi de boulotter de l’aluminium, ce métal étant fort peu digeste !

P1030659.jpg Guy Grandjean