Rouges jardinspar Guy Grandjean
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La vérité est un virus

Mystique

J’ai lu cette expression dans le film

« Le cercle des poètes disparus ».

Elle me plaît bien, à la nuance près que pour un biologiste, un virus n’est pas le virus de « monsieur tout le monde ». Le virus, comme la bactérie, de monsieur tout le monde, s’apparente à la murène, à la vipère, bref, à une sale engeance. Nous en vivons d’ailleurs cruellement ses avatars.

Mais le biologiste sait que le « gentil virus » est incomparablement plus représenté dans le monde vivant que le méchant. Que nous sommes bienheureux de l’infinité de bactéries et de virus qui travaillent pour nous, dans l’obscurité de nos entrailles, dans la profondeur des sols, dans les immensités océaniques. Qu’aucune vie sur terre n’est concevable sans elles et sans eux.

 Que la vie est foisonnement et non point stérilité.

Cette vérité, laquelle, me direz-vous?

 Je trouve les hommes fantastiquement, mystérieusement, sidéralement orgueilleux.

 Il existe autour d’eux une autre intelligence. Il a existé pourtant, avant eux, cette autre intelligence, qui n’avait rien à voir avec lui. Cette intelligence s’est façonnée progressivement le chemin animal qui a mené à ce qu’on appelle l’hominisation. Une histoire de dizaines de millions d’années. Et cette hominisation a été, et est encore, une métamorphose mi-chèvre mi-chou, où l’homme commence à peine à prendre entre ses mains une partie de son destin. Ce passage, de l’ animal à l’ homme, est, curieusement, super tabou. Dans le passé, les hommes ont imaginé l’autre, et l’ont appelé Dieu. Le passage animal-homme a été vite réglé, ça s’est fait en moins de deux. Adam et Ève (qui vivaient donc sans nombril) débarquèrent un beau jour, et hop hop hop, l’affaire était  dans le sac.

La plupart des hommes y ont cru.

 Parce qu’ils en ont usé et abusé pour asservir d’autres hommes, en créant d’intolérantes religions.

Parce que le Dieu imaginé par l’homme l’ était bien trop souvent à son image.

Parce qu’ils veulent maintenant savoir plus, et croire moins, ils ont tué cette représentation de l’autre, ils ont tué Dieu.

 Mais l’autre existe néanmoins, et cet autre, il est maintenant quasi impossible de l’appeler autrement que nature. Ça tombe bien, parce que la nature étymologiquement, renvoie à la naissance, à la création, au mystère.  Quelque chose se met à exister, alors que, la seconde d’avant, il n’y avait rien !

 Quoi de plus incroyable, quoi de plus émouvant ?

D’autres pourraient aussi l’appeler aussi Univers : nous sommes les enfants de l’Univers. Rien de ce que la science a découvert, rien de ce qu’elle découvrira encore ne pourra démentir cette formidable vérité. Les religieux disaient “nous sommes les enfants chéris de Dieu”.

 Alors voilà, comme ce sont les virus, invisibles à nos sens, qui sont les messagers les plus omniprésents, les plus actifs de notre biosphère, ce sont bien eux, qui nous révèlent l’autre le plus aisément. Même dans l’abominable, l’exécrable !

 Voilà pourquoi j’aime entendre dire que la vérité est un virus!


Virus Photo de l'Institut Pasteur

Virus Photo de l’Institut Pasteur