Rouges jardinspar Guy Grandjean
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Plouf!

Humeur

 

 

 

 A 19 ans, Elizabeth Holmes quitte l’université de Stanford en 2003 et crée une start-up technologie et santé : Theranos. C’est la fusion de therapy et diagnosis . Son ambition n’est pas mince : révolutionner la médecine en proposant des analyses dix fois moins chères, sur une simple goutte de sang piquée au bout du doigt.

 Pendant dix ans, la start-up embauche des scientifiques, progresse, dans la liberté la plus totale. Dans son conseil d’administration siège Henry A. Kissinger, ancien secrétaire d’Etat des Etats-Unis, prix Nobel de la paix en 1973, et bien d’autres personnalités.

 

En 2013, elle s’associe à Walgreen, une chaîne de pharmacie présente sur l’ensemble du territoire américain. Elle commence à proposer des tests sanguins à bas prix avec promesse de résultats au bout de quatre heures.

Sa start-up est valorisée à 9 milliards de dollars, une paille, Elizabeth Holmes est actionnaire majoritaire de Theranos et se retrouve alors à la tête d’une fortune de 3,6 milliards de dollars. A trente ans, elle devient la sixième patronne américaine âgée de moins de 40 ans la plus riche des Etats-Unis.

En 2015, elle élargit sa gamme, le test pour mesurer le taux de cholestérol coûte 3 dollars contre 50 dollars dans les laboratoires classiques (En France 10 euros ). Mais, patatras, dans un article publié en octobre 2015 du quotidien The Wall Street Journal, plusieurs employés émettent des doutes quant à la fiabilité de l’automate Edison utilsé, les enquêtes des autorités de santé s’intensifient. Thomas Edison, ce glorieux découvreur, se retourne dans sa tombe.

En janvier 2016, le département de la Santé américain dénonce à son tour des « pratiques déficientes » qui « présentent des dangers immédiats pour la santé et la sécurité des patients », puis en avril 2016 décide d’interdire pour deux ans l’usage de ces tests. Théranos a reconnu avoir produit pendant des années des dizaines de milliers de tests non fiables ( fautes avouées sont à moitié pardonnées?) !!!! Cerise sur le gâteau,  l’entreprise est visée par des enquêtes menées par le gendarme boursier américain (SEC).

C’est terminé, game is over, quelques centaines de salariés sont mis au chômage. La valorisation de la société est passée de neuf milliards d’Euros à… Zéro.

Clématite en hiver

Point de vue du biologiste français : cette très jeune femme n’aurait pas pu monter une telle entreprise en France. Aux Etats-Unis, la liberté d’entreprendre est très grande, et le risque d’entreprendre « n’importe quoi » est très grand aussi. Mais quand l’administration américaine s’en mêle, on peut dire que c’est sans prendre de gants qu’elle remet les pendules à l’heure. En France nous sommes un pays très règlementé, avec des administrations en général efficaces, pourvu que cela dure. L’analyse au bout du doigt se fera peut-être un jour, quoique je la trouve plus douloureuse que la ponction au pli du coude. Quant à la rapidité du rendu des résultats, les grandes urgences sont faites à l’hôpital, et en ville, on peut considérer en gros 2 % des analyses comme urgentes. Nous sommes contraints de rendre ces analyses urgentes en deux heures. Ce qui semble difficile partout en France, où nous venons d’assister à une concentration excessive des labos, faisant fi des particularismes régionaux, des régions peu urbanisées. Mais encourager la rapidité là où elle n’est que source de tracas n’a aucun sens.