Rouges jardinspar Guy Grandjean
search icon
Retour

Adelaïde, une femme « amie des juifs »

Philosophie

Adelaïde Hautval

En 1943, pour s’être interposée entre une famille Juive et les imprécations racistes de soldats Allemands, ce médecin psychiâtre se retrouve incarcéré à Auschwitz. On lui a cousu sur sa veste un bandeau jaune. Elle passera sa captivité à essayer d’aider des détenues soumises aux atrocités. Les médecins SS lui demandent de participer à leurs expériences.

« Je devais servir d’assistante au Dr Wirths […], un Germain aux yeux gris-bleu caressants et romantiques. La première séance à peine commencée, Wirths me dit qu’il me faudra également seconder dans ses travaux le professeur Clauberg, un civil, petit homme chauve, coiffé d’un chapeau tyrolien et chaussé de bottes.
Je suis troublée, car voilà une chose à laquelle je ne veux pas participer. Ayant sans doute remarqué ma réticence, il questionne, me demande qu’elle est mon opinion sur la stérilisation. L’occasion est unique. Je pense qu’une question directe mérite une réponse directe. Je dis :
– J’y suis absolument opposée.
[…]
– Ne voyez-vous donc pas que ces gens (les juifs) sont tout différents de vous ?
 » Je ne puis m’empêcher de répondre que dans ce camp bien des gens étaient différents de moi, par exemple lui-même » 

 « Pense et agis selon les eaux claires de ton être. »

« Nous sommes tous condamnés à mort », disait-elle, « alors conduisons nous comme des êtres humains aussi longtemps que nous vivons. »

De manière surprenante, ces insubordinations étaient tolérées par les médecins SS. Son métier de psychiatre l’avait aider à en imposer à ses tortionnaires, disait-elle, sans plus de précision.

Elle survécut aux camps, et fut reconnue plus tard, en 1965,  Juste parmi les nations.


OEIL VERT 1.jpg

Peinture de Ceija Stojka, peintre tzigane. Première femme tsigane à avoir témoigné du sort de son peuple, « Race à détruire »pendant l’holocauste. Où elle n’a survécu qu’en mangeant des feuilles, qu’elle dessine parfois à côté de sa signature. Un tzigane sur dix en reviendra . Ce n’est qu’en 1982 que les Sintis et les Roms ont été reconnus victimes du racisme en Allemagne. En 1988, Ceija avait écrit »Nous vivons cachés », puis un recueil de peintures paraît après sa mort, en 2013, « Même la mort a peur d’Auschwitz ». La culture tzigane ne connait l’écriture que depuis peu. Mona, sa petite fille témoigne : « quand je dis que je suis tzigane, les gens reculent. Je leur dis de ne pas avoir peur, j’ai mes propres valeurs.(…)Au travail, ils savent qui je suis, mais ils me racontent : « Hitler était bien » « Auschwitz n’a pas existé ». Je sors respirer un grand coup et je rentre en souriant. »