Rouges jardinspar Guy Grandjean
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Unis vers la folie

Philosophie

 

 

Fleurs de porcelaine. Hoya carnosa.

L’intelligence qui nous a précédés sur terre, que j’appelle nature, a créé des formes de vie à profusion. Je pourrais aussi l’appeler univers : plusieurs fois, des fantastiques chocs météoritiques ont clairement réorienté la vie, bouleversé tous les plans ADN inscrits dans ces êtres anciens le plus souvent disparus. La plus grande extinction de formes vivantes date du Permien, il y a 250 millions d’années.

La responsabilité de chocs dans cette extinction massive des espèces – huit espèces sur dix- n’est pas totalement attestée, mais ce sont bien des lois physiques, universelles, qui ont écrabouillé ces balbutiements de vies. En revanche, les chercheurs Alvarez, père et fils, ont clairement démontré l’importance d’une collision il y a 65 millions d’années dans la péninsule du Yucatàn. Une météorite de la taille d’un Himalaya est à l’origine de ce qu’on appelle « un hiver nucléaire ». Une énergie énorme dégagée a alors pulvérisé une gigantesque quantité de roches en poussières. La terre a vécu dans l’obscurité plusieurs années, et le monde dinosaure a été proprement dynamité, après la disparition du plancton de l’époque et d’une grande partie du monde végétal. Les mammifères promus alors nous ont mené jusqu’aux australopithèques, mi hommes mi singes.

 

Depuis quelques millions d’années, la nature n’en finit pas de ce très long chantier de l’hominisation. Mais les singes bimanes et nus qu’elle a fini par concevoir, sont des drôles de zèbres qui lui échappent. Après avoir déifié cette nature, dans les civilisations anciennes,  ils ont ensuite créé de nouveaux dieux plus proches de leur trombine, et de leurs cuisines. Ils ont ensuite commencé à  comprendre les rouages de cette nature, à la domestiquer, à travers l’épopée scientifique. Mais depuis peu, ils engagent eux-mêmes la sixième extinction massive, sans même s’en apercevoir, comme si leur nouvelle culture les rendait proprement aveugles : le chaos, la folie s’installent donc doucement, puisque c’est notre survie qui est en jeu, dans l’indifférence quasi générale ! Avec notre orgueil incommensurable, les singes humanoïdes que nous sommes encore croient pouvoir vivre en minéralisant leur environnement !

 


Folie, souffle, esprit follet, feu follet, un monde fou en feu

Folie, souffle, esprit follet, feu follet, un monde fou en feu

Les historiens témoignent que, dans les cours royales, seul le bouffon ou ses marottes -sortes de marionnettes sur bâton-, rapportaient quelquefois les vérités indicibles aux dominants, et au roi lui-même. Dans un monde où l’agressivité étreignait chaque seconde, un mot mal pesé, un regard mal évalué, entrainait la disgrâce. L’affrontement verbal, quasi-permanent, imposait la soumission par la recherche « du dernier mot ». Seuls les boniments « du fou du roi », et la très ancienne « fête des fous », restaient des espaces de liberté de parole ; ils ont été longtemps tolérés. Quant à l’affrontement physique, il profita au XX ième siècle des nouvelles technologies pour se répandre deux fois comme traînées de poudre. La première guerre mondiale, « la der des ders », s’est allumée incompréhensiblement d’une étincelle. La deuxième est née d’une classique agression territoriale illégitime, mais elle a enflammé quasiment la terre entière, comme par résonance.

 

 


Comment le peuple allemand a-t-il réussi à choisir comme chef un dangereux psychopathe ? Et d'où venait ce besoin d'un guide ?

Comment le peuple allemand a-t-il réussi à choisir comme chef un dangereux psychopathe ? Et d’où venait ce besoin d’un guide ?

1939  Conformément à son programme initial appelé « l’action », le Führer signe le décret instaurant la mise à mort des malades mentaux et incurables, environ deux cents mille personnes. Soixante quinze mille vieillards seront également exterminés, avant tout « par calcul économique ».

La France n’est pas touchée par ce plan. Mais dès 1939, le rationnement s’installe partout.  La malnutrition est générale mais touche plus lourdement ce qu’on appelait à l’époque les asiles psychiatriques. A Lyon, l’hospice du Vinatier propose à ses 2500 malades :

– en mars 1939, une ration représentant 2600 calories.- en novembre 1939, une ration représentant 1600 calories.- en décembre 1941, une ration représentant 1400 calories.- en mars 1942, la ration remonte à 1900 calories car des centaines de pensionnaires sont morts d’inanition.

 

La monarde folle. Des marottes, vues de loin.

L’administration et de nombreux médecins camouflent la vérité, rendant l’atmosphère encore plus pesante ; aussi le diagnostic « mort de faim »,  était comme un petit acte de résistance. Ilot d’humanité dans un océan d’animalité, le docteur Bonnafé nous laisse ces quelques mots : « il était courant que des malades les plus « autistiques », les plus retranchés hors du champ de la communication commune, « guérissent pour mourir ». Ils restauraient alors, dans leurs derniers moments, des capacités d’échange les plus intenses, contredisant tout ce à quoi l’école de médecine avait enseigné qu’ils étaient insensibles. »

A la même époque, le docteur Follin suit une patiente atteinte de tuberculose évolutive liée à la dénutrition, qui vit à l’hospice de Ville-Evrard. Les neuroleptiques, découverts en 1952, y sont encore inconnus : c’est donc la camisole de force, permanente, qui l’empêche de se jeter au visage des autres. Le médecin avait essayé d’entrer en contact avec elle, mais il n’en avait jamais reçu « que des regards fulgurants, angoissés, et un galimatias explosif où les syllabes même n’étaient guère décelables ». Absent le soir de son décès, les infirmières lui rapportèrent qu’une demi-heure avant sa mort, elle avait parlé normalement, « allant même jusqu’à s’excuser des ennuis qu’elle leur avait causés pendant tant d’années. »

Machine à traiter les fous XIX ième siècle.
Machine à traiter les fous XIX ième siècle.

 

 

 

Un ancien maire de Lyon de cette période, qui a laissé l’expression « français moyen », déclare que les aliénés sont des « déchets », reprenant publiquement un lieu commun de l’époque. Lui-même sera interné à l’asile de Mareville. (Nancy).

Toutes les créatures vivantes doivent craindre l'homme. Cet oiseau se laisse approcher facilement des hommes : il est complètement fou !D'où son nom : le fou de Bassan, un fou aux pieds bleus. Photo Jean Pierre Grandjean
Toutes les créatures vivantes doivent craindre l’homme. Cet oiseau se laisse approcher facilement des hommes : il est complètement fou ! D’où son nom : le fou de Bassan, un fou aux pieds bleus. Photo Jean Pierre Grandjean

 

La sixième extinction biologique : pas de météorite donc cette fois ci, c’est le petit dernier de l’évolution biologique, le météore de la création, le génie de la nature, l’enfant chéri de Dieu, qui fout le feu à son terrier.