Rouges jardinspar Guy Grandjean
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Ecoutez un vieux con

Humeur

 

 

Un faucon, Horus, déifié pour son regard perçant.

Magie de la langue, “un vieux con” sonne mieux à l’oreille qu’ “un vrai con”, un “jeune con” aussi d’ailleurs, comme si l’âge pouvait rendre la connerie plus acceptable, presque l’atténuer. Jeune : un béjaune, celui qui a un bec jaune, pas d’expérience, comme l’oiseau qui sort du nid, un jeune faucon par exemple.

Vieux con, proche du radotage, normal, les affres de la vieillesse, mon bon monsieur. D’un autre point de vue, ayant tant fait de conneries dans ma vie, il me semble normal de m’auto attribuer le titre de vieux con, et d’en jouir en quelque sorte, en rêvant que je puisse encore servir à quelque chose.

 

 


Portrait de faucon Guy Grandjean

Mon métier de biologiste médical m’a fait faire chaque jour le grand écart : chaque jour passer de la haute science, dure, à mon quotidien, le patient, la souffrance et son fardeau, l’humain, ses bonheurs, ses représentations, ses histoires, ses peines et ses joies, son humour parfois.

Une autre science dure, vraiment très dure, c’est la physique. Pas moyen d’y échapper. Nous apprenons à lui obéir, sans même nous en rendre compte. Tout petits nous apprenons à monter sur une chaise sans nous casser la goule. A éviter de prendre une braise à pleines mains. A nager au lieu de couler.
La physique s’occupe de tout, des étoiles, des avions, des toboggans, des machines à laver, mais aussi de la cuisine, de la médecine, de la flute de pan.

Elle nous casse les pieds, nous fait enrager même, elle gêne notre libre arbitre, ce sentiment de liberté qui nous envahit dès l’adolescence.

Un sujet actuel, le climat, dont on parle beaucoup, ne traite en fait que de physique.

Punitive ? L’écologie?, punitive ? “, la lutte contre le réchauffement” ? Connaître les lois naturelles, une punition ?

 

Ecoutez un vieux con parler :

En 1968, j’étais en première D. Une réforme venait d’accoucher de ces nouvelles sections, et de leurs programmes. Et dans ce programme de biologie, il y avait un gros chapitre appelé “Ecologie”, une nouveauté. Une vraie de vraie, car ce mot “magique” à l’époque pour moi, élève attentif, était totalement inconnu du grand public, totalement. Comme dans les années 1990 était inconnu le mot “nosocomial”, qui est presque passé maintenant dans le langage de tous les jours.

Quand un mot n’existe pas, c’est que la chose nommée n’existe pas.

Le mot stress est né dans les années 1960, des travaux d’un médecin canadien. Mon grand-père, qui a fait les tranchées, n’a donc jamais été stressé. Il a été terrorisé, habité par la peur, urinant dans ses chaussettes, tout ce qu’on veut, mais pas stressé.

Quand on parle écologie, sensu stricto, on parle des relations existantes entre des êtres vivants et de leur milieu, le biotope.

Dans les années 1960, la perception que notre vie était dépendante d’un “biotope”, était alors une idée totalement saugrenue. Sauf pour les paysans, bien sur, qui l’ont toujours su, même s’ils ne disaient pas “je vais charruer mon biotope”. L’abondance de la nourriture, des biens de toute sorte, était une évidence pour tous, ou presque. Mais ce petit train train rondouillard menaça de dérailler brutalement dans les années 1970. Les chocs pétroliers ébranlèrent la planète entière : le robinet du pétrole ne serait plus jamais grand ouvert ! Au premier choc, en 1971, l’homme moderne a eu sérieusement les jetons de se retrouver à vélo ! On parlait aux actualités d’Amsterdam, avec ses bicyclettes, qui “faisaient des beaux culs aux dames”, Alain Souchon l’a chanté après. Le progrès, c’est à dire, entre autres, la voiture, fauché en pleine ascension, en pleine gloire !

Las bolas ! D’autant que des ahuris, en 1972, rendent un rapport glaçant : “les limites à la croissance “, c’était le rapport du fameux Club de Rome.

Mais il n’est pire aveugle que celui qui ne veut voir.

Les pétroliers se mirent à réfléchir comme des fous, à sonder le moindre espoir, à creuser partout comme d’insatiables taupes sans peur : et la nouveauté, le miracle, le pétrole off-shore, se mit à jaillir à gros bouillons, un vrai bonheur, entraînant dans son courant les prix dans une dégringolade telle qu’on fut contraint d’ inventer une nouvelle expression, le “contre choc pétrolier”. Puis, quelques années plus tard, des géants se sont réveillés, la Chine en tête, affamés d’énergie. Les prix ont recommencé à danser vers le haut, certaines sources commençant à tarir. En 2008, un pic a été atteint à 145 dollars le baril.

Après plusieurs soubresauts, les pétroliers nous refont presque le coup de l ‘off-shore, avec le pétrole de schiste américain. Le prix se remet à faire la gigue, au gré de l’Irak qui revient, de l’Iran qui repart. Les saoudiens ont bien essayé de tuer les pétroliers américains, en ouvrant à fond les vannes, mais ça a complètement foiré. Les yankees ont serré les dents et les boulons, vendu à perte un moment, mais ils tenu le coup jusqu’au retour des 60 dollars…Et l’Arabie saoudite, premier producteur mondial, se retrouve avec une belle petite dette ! Et peu encline maintenant à revoir les prix baisser sous les 50 dollars.

Ben voilà, depuis mes culottes courtes, un demi-siècle a passé, sans que le mot “écologie” ait eu le moindre impact significatif sur l’histoire extraordinaire de la production pétrolière.

Feuilles au ciel Guy Grandjean

Mais, depuis deux trois ans, une toute petite partie de la population mondiale commence à s’inquiéter : les propos des scientifiques climatologues ont fini par prendre corps, sous forme d’une météo qui s’affole, et qu’il est devient difficile d’ignorer. Ceux qui vivent des richesses de la nature, ou ses observateurs, les biologistes, entre autres, le savent, eux, depuis belle lurette.

Les propos de ces physiciens non plus, ne datent pas d’hier et pourtant ! Personnellement quand j’ai réalisé le gravité de leurs allégations, vers les années 2000, j’ai été un moment totalement terrorisé, en ayant même perdu le sommeil, un peu comme un bien portant à qui l’on vient d’annoncer qu’il a des analyses catastrophiques. Mais ce comportement est sans doute propre à un biologiste médical, qui sait, dans sa chair, qu’aucun espoir n’est permis devant certains chiffres. Exit le Père Noël, marche arrière par la cheminée, s’il te plait. J’ai côtoyé un moment un collègue atteint de mucoviscidose, décédé vers la trentaine, qui a toujours pensé que ses propres analyses, qu’il effectuait lui-même, étaient fausses, comme pour se protéger, quoi de plus humain ?

 

Khepri Guy Grandjean

L’atmosphère terrestre se réchauffe, ce n’est pas discutable, pourquoi ?

C’est une histoire de mesures, et c’est aussi une question simple de physique, que l’expression « effet de serre » obscurcit.

Une planète qui tournoie autour d’une étoile un peu près se réchauffe sous ses rayons, et il est simple de comprendre qu’elle les renvoie. Pourquoi ? Tout simplement parce si elle ne les renvoyait pas, la température de n’aurait aucune raison de ne pas augmenter. Elle finirait par brûler, comme un insecte trop près d’une ampoule en été, un beau feu d’artifice.

Pour notre terre, une partie de ces rayons émis par notre astre le soleil, puis réémis par la terre, rencontre toutes sortes de molécules gazeuses qui constituent l’atmosphère. L’azote, constituant principal, percuté par ces rayons reste de marbre ; il reste égal à lui même. L’oxygène, autre gaz majeur, se moque aussi de ces rayons.

Le CO2 c’est autre chose ; il se met à vibrer comme un beau diable, sous l’effet du rayon chaud qu’il absorbe. En un mot, il piège de la chaleur, et c’est cette chaleur là qui ne sera pas rejetée vers les espaces interstellaires. Ainsi se comportent aussi la vapeur d’eau, le méthane et l’ozone. Sans cet “effet de serre” naturel, aucune chance pour nous de naître à la vie.

A notre époque, le taux de CO2 augmentant, il n’est pas discutable que l’atmosphère terrestre se réchauffe. Et il n’est pas discutable que ce CO2 a essentiellement pour origine l’activité humaine.
La majeure partie du CO2 rejeté vient des charbons, gaz et autres pétroles, qui est facilement reconnaissable -par analyse isotopique- du CO2 « naturel ». (- mais l’homme ne fait-il pas partie de la nature ? -)

En gros un doublement de CO2 induit une différence de 0,50 °C.

Voilà on est resté là dans de la science dure, dure dure. De la physique pure.

Après on entre dans de la science plus molle : quel est l’impact de cet différence de température sur le climat ? Quelle est la vitesse de changement ? A quels endroits sur la planète ? Et là on entre de plein pied dans des systèmes complexes. L’expert s’invite, et les résultats consensuels écoutés.

Oiseaux Berlin Guy Grandjean

La terre est enveloppée d’une fine couche d’air, de quelques km d’épaisseur, ce qu’on appelle l’atmosphère. Son poids est des milliers de fois plus faible que l’eau de nos océans. L’atmosphère ne pèse que quelques millions de milliards de tonnes. L’humanité injecte dans notre petite pelure d’air 40 milliards de tonnes de CO2 chaque année, ce qui donc n’est pas rien, en ordre de grandeur.

Les hommes peuvent penser benoitement « que la nature en a vu d’autre » qu’elle régule cette afflux de CO2.

C’est malheureusement complètement faux : la nature, océans et verdure, en absorbe en gros la moitié, et cette partie là ne cesse de diminuer . Le CO2 est bien une molécule maudite, qui absorbe en IR.(infra rouge)

 Le réchauffement climatique a pris le mors aux dents ; les climats sont bouleversés, à une incroyable vitesse, en comparaison des changements passés.

 Quand nos propres paramètres sont dans l’excès, c’est la vie qui s’en va.

Quand notre atmosphère terrestre affole les siens, l’humanité peut trembler.

Mais l’histoire récente de l’industrie pétrolière montre, à l’évidence, que les hommes s’en moquent comme de leur première chaussette.

Aube sur chemin
Aube sur chemin

Ils pensent à leur voiture, leurs habitats, parfois spacieux, à leurs voyages gourmands en kérosène, pas même un instant à l’agriculture fragilisée, même dans nos pays, avec le spectre des famines qui s’agite de nouveau dans quelques régions. Souvent urbain, connecté, il ne voit plus, ne ressent plus ce qu’on appelait il y a peu naïvement “mère nature”.

Extravagant, l’avion devient en ce moment presque populaire, le kérosène n’étant pas taxé.

Extravagante, la publicité omniprésente pour les voitures puissantes, qui ne servent à rien.

Extravagant, le rêve encouragé pour des habitats hyperspacieux, fantasmes du passé.

Extravagant, le nombre de camions, de bateaux de croisière géants, de porte containers qui ne cessent d’augmenter.

 

Il est temps d’interdire la publicité pour l’automobile et la production de voitures puissantes, de taxer le chauffage individuel en fonction de la surface habitable, de taxer le kérosène si on veut maintenir une vie paisible sur notre planète encombrée qui étouffe. Tout un programme ! Imaginable je pense par 1 % de la population ! Y a du pain sur la planche !