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La tête est blindée, mais le ventre se dérobe et le coeur a faim

Philosophie

 

 

 

La tête est blindée, mais le ventre se dérobe et le cœur bat moins

L’homme crée la machine, comme la machine crée l’homme.

Dans notre histoire, un flux continu d’informations, de sensations est passé de l’homme à ses outils, et inversement. Tailler du biface pendant presque un million d’années vous change un Homo pre sapiens : après ce très, très long auto-apprentissage, le voilà muni du plus formidable outil jamais créé, une paire de mains douées d’une agilité incomparable.

Ces mains agrippent, explorent, forgent, dessinent, écrivent, caressent.

Elles mènent l’évolution du cerveau, changent même notre regard sur la matière.

Dans la foulée, de la pierre au fer, et du fer à l’atome, nous vivons maintenant l’époque de l’ordi, et ce n’est que le début d’une très puissante coopération.

Mais nous voilà déjà atteints par le « syndrome du biface ». L’ordi n’est qu’un cerveau déporté.

 Il n’a pas de cœur, encore moins de ventre, ne voit rien. Il ne chante pas. Or nous sommes gouvernés par un triumvirat, et non pas par un potentat haut perché, le système nerveux central.

Le système digestif organise 200 millions de neurones, c’est le nid  du complexe microbiote, continent quasi inconnu, et déjà à la dérive.

Le cœur est peu pourvu de cellules nerveuses, mais il est impossible de placer ailleurs le centre des émotions, de l’affectivité. Il inspire la vue comme la musique.

Notre triumvirat comprend donc le cerveau, le cœur et le ventre.

Mais si la tête est blindée, le ventre se dérobe et le cœur ne bat plus qu’une fois sur deux.

Taille ou smartphone ?