Rouges jardinspar Guy Grandjean
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Adeptus naturae, un adepte de la nature

Médecine

 

 

 

Qui connaît le plateau de Hardangervidda ?

 Mon amie Marie-Laure, certainement. C’est un grand plateau Norvégien, une immensité du Nord, situé entre Oslo et Bergen. Une région suspendue à 1000 mètres entre le froid neigeux arctique et la forêt de bouleaux plus au Sud. La vie qui s’y plait, c’est le lichen, cette espèce de plante plate,  mi champignon, mi algue. Et celui qui aime le lichen, c’est le renne, qui a fait vivre l’homme depuis longtemps dans ces contrées difficiles. Les Sami qui nomadisent dans ces régions sont les derniers aborigènes européens.

 

 


Lichen crustacé (c’est le mot !!) sur écorce de noyer

Lichen crustacé (c’est le mot !!) sur écorce de noyer

C’est pourtant un endroit extraordinaire pour l’humanité entière, où vit le champignon microscopique Tolypocladium inflatum, qui sait produire une molécule originale, toute ronde, appelée cyclosporine. Molécule aux propriétés incroyables, puisqu’elle a permis le succès des greffes en médecine humaine.

Avant elle, seules les greffes entre vrais jumeaux étaient jouables.

 
Observez cette extraordinaire ligne de démarcation : trois colonies bactériennes; A,B,C. A et B se mêlent, elles sont identiques. La souche C, de la même espèce bactérienne, est légèrement différente. Une ligne de démarcation s’établit, c’est le phénomène de Dienes. Facile à observer avec les Proteus, qui sont des bactéries très mobiles. Même de misérables bactéries un poil différentes ne se fréquentent pas ! Des tissus différents ! Des espèces différentes !
Frontières. Il y a un lichen foliacé (de feuille) gris parmi les crustacés.
Frontières. Il y a un lichen foliacé (de feuille) gris parmi les crustacés.

Ce plateau de Hardangervidda a été le lieu de vacances d’un chercheur des laboratoires Sandoz dans les années 1970. Comme tous ses collègues, il rapportait des échantillons de sol de chacun de ses lieux de voyage. Ces échantillons étaient ensuite analysés pour y déceler de nouvelles substances anti biotiques sécrétées par des microorganismes de tous poils : toutes ces molécules sont en effet d’origine naturelle, produites par des êtres vivants microscopiques.

DSC_3632 (3).jpg Guy Grandjean

Mais cette molécule originale ne possédait ni propriétés anti biotiques, ni propriétés anti cancéreuses, testées plus tard. La chance sourit à Jean François Borel quand il se mit à tester ses capacités immunosuppressives. Car cette molécule est remarquablement peu toxique. Et elle possédait l’extraordinaire capacité à respecter les cellules immunitaires nécessaires à la lutte contre les agents pathogènes.

La greffe rénale pouvait s’entreprendre, puis les autres.

Tronc de Norvège. Nom de l’artiste oublié, désolé.