La terre n’est plus un électron libre

Depuis que les hommes lèvent les yeux au ciel,

ils cherchent  à décrire la  géographie céleste nocturne.

Elle est complexe et mouvante.

 Galilée fut le premier homme à décrire des astres
 à l’aide d’un outil, qu’il appela perspicillum. 

La longue vue ou lunette, existait depuis quelques années. 
Il la rendit astronomique, en ajoutant des lentilles ; il apprit même à les fabriquer, à les polir. Grâce à ce gain de puissance, il put observer la surface de la lune.

Il réalisa que la voie lactée était en fait une constellation d’étoiles, comme l’avaient imaginé les savants grecs Démocrite et Anaxagore, et non pas une bande “laiteuse” blanchâtre.

 Et en lorgnant Jupiter, il comprit que quatre  lunes tournaient autour de cette planète. Car suivant les nuits, il en voyait une, ou deux ou trois, ou quatre : seule explication rationnelle, elles tournaient atour de la planète…

 Tout ceci lui procura de très sérieux ennuis avec 
des hommes de pouvoir à l’esprit borné, au sens propre du terme. Borné par la croyance en des connaissances livresques, fort anciennes, qui décrivaient l’univers à leur manière. 
Contrairement à la jolie légende, dénoncée par les historiens, Galilée n’a jamais dit, durant son procès :

 
 »et pourtant elle tourne » 
 « E pur si muove! « 



C’était bien trop dangereux de provoquer ses juges.
 Il était terrorisé, et, lui pourtant si curieux de tout, 
il n’éprouvait nullement l’envie de connaître 
les états d’âme d’une merguez passée au barbecue.

 Les microscopistes, eux, n’ont jamais eu d’ennuis, leurs découvertes étant « terra incognita », “terre vierge”. Ces observateurs n’affrontaient donc aucune vérité révélée, qui aurait été transmise par des livres, sacrés, qui plus est.

 Les macroscopistes de notre époque, les scientifiques qui observent la nature, et sa destruction systématisée, n’ont pas d’ennuis non plus. Mais à quel aveuglement général se heurtent-ils également ! Comme au moyen âge !

 Il est assez piquant d’observer que l’histoire naïve de l’arche de Noë, écrite il y a si longtemps, trouve un incroyable écho dans le bouleversement actuel. Sauf qu’il est vain de vouloir « sauver des espèces animales« : l’espèce disparaît quand son biotope, son lieu de vie, disparaît, ou évolue trop rapidement. C’est fini pour elle. Avec le violent réchauffage, comme dit mon ami, c’est un véritable jeu de massacre qui s‘observe déjà. Evanouissons ces espèces de nos esprits, imaginons nous Inuit à l’envers. Peut-être est-ce la seule manière de se sortir de ce guêpier !

Voici un texte écrit en… 1919 : « J’ai appris pourquoi les oiseaux chanteurs disparaissent d’Allemagne. Cela est dû à l’extension de la culture rationnelle – sylviculture, horticulture, agriculture – qui détruit peu à peu les endroits où ils nichent et se nourrissent : arbres creux, terres en friche, broussailles, feuilles fanées qui jonchent le sol. J’ai lu cela avec beaucoup de tristesse. Je n’ai pas tellement pensé au chant des oiseaux et à ce qu’il représente pour les hommes, mais je n’ai pu retenir mes larmes à l’idée d’une disparition silencieuse, irrémédiable de ces petites créatures sans défense. Je me suis souvenue d’un livre russe, du professeur Sieber sur la disparition des Peaux-Rouges en Amérique du Nord que j’ai lu à Zurich : eux aussi sont peu à peu chassés de leur territoire par l’homme civilisé et sont condamnés à une mort silencieuse et cruelle. » (Correspondance de Rosa Luxembourg)

A nous d’aider cette grande malade qu’est la nature, à la lumière de nos connaissances, et sans illusion sur la folie destructrice des hommes, qui ne pourra être freinée que par la mesure urgentissime entre toutes, la régulation des naissances. Nos chances de survie sont minces, nous ne disposons plus qu’une ultime liberté : celle de devenir des automates de l’évolution, à marche forcée ! Chaque seconde compte, chaque geste est important !