Rouges jardinspar Guy Grandjean
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Un chainon chelou

Philosophie

Lucie

Pierre Dac, un homme de scène des années 1950, affirmait que le chaînon manquant entre le singe et l’homme, c’était nous.

Le fameux chaînon manquant a été cherché avec ferveur, depuis que Charles Darwin nous a irrésistiblement catalogué parmi les primates. Des milliers d’ossements ont été sondés de toute notre science, des myriades de dents collectionnées, des caisses de mâchoires auscultées. On a fait parler le pollen, le radio-élément, la strate, le caillou, à la recherche de cet individu qu’on n’a finalement jamais trouvé.

Pourtant, on l’avait baptisé d’avance, on l’avait décrit même, cet insaisissable : pithécanthrope .

Ce mot issu du brassage singe-homme -en grec- n’est finalement resté qu’une injure dans la bouche du capitaine Haddock.

J’ai bien peur que Pierre Dac, pour rigoler, ait fait preuve en fait d’une grande  lucidité.

Voilà la découverte du jour, le pithécanthrope est encore vivant ! Tout un chacun peut même l’observer à loisir tous les matins dans son miroir. Et cet animal, en chaînon manquant assumé, va disparaître, ou plutôt se transformer. Homo sapiens, car c’est bien lui, va muter pour survivre.

 Rien de très nouveau sous le soleil : les êtres vivants passent leur temps à se métamorphoser depuis l’origine. C’est une grande loi de la vie. Elle impose la permanence du changement.


IMG_0010.jpg Guy Grandjean

Je propose Homo liber, ou Homo amor, ou encore Homo liber amor, pourquoi pas.

 Homo habilis, celui qui taillait l’outil et l’arme mieux que quiconque, n’a jamais pu étendre son influence.

Homo erectus, même si son intelligence  lui a permis une emprise plus grande sur le monde s’est éteint. Il avait pourtant investi de bien plus vastes territoires que ses ancêtres encore timides.

Neandertal, encore trop terre à terre, trop chasseur, trop racinaire, n’a pas pesé lourd devant Cro Magnon, plus poète, plus solaire.


IMG_0015.jpeg Guy Grandjean

Il est devenu Homo sapiens, très rapidement, mais sapiens fait encore trop «  singe savant ».

Il ne fait pas l’homme, même s’il l’aide prodigieusement.

Car il a mis tout son énorme savoir, toute sa richesse au service de ses appétits de primate.

Il accumule, fait le beau devant des ingénieuses machines qu’il a crées.

Il se trouve épatant, alors qu’il détruit son habitat primordial.

Il affirme communiquer, alors qu’en fait il travaille sa com, sa comédia del arte !

Qui sera Homo liber amor ?


IMG_0036.jpg Guy Grandjean

Ces deux regards là ne sont pas bien sympathiques ; le pithécanthrope que nous sommes garde deux regards : notre regard, et un autre, animal, archaïque, pour continuer à nous défendre des hommes-singes.