Un homme malade de sa bête
Avant d’être un moyen « de gagner sa vie », la médecine est une profession un peu particulière, qui ne peut convenir qu’aux personnes « empathiques », autrement dit qui ressentent un minimum « la souffrance de l’autre », du grec pathos maladie.
Aussi est-il surprenant, voire stupéfiant, d’observer dans une faculté de médecine en 2019 des dérapages collectifs antisémites au cours de journées de bizutage, appelées maintenant fielleusement « week-end d’intégration ». (Alors que ce sont de simples rituels de domination-soumission)
« Le jeu » en question, sinistre, appelé freespa, consiste à des lancers de kippas, encouragés par des saluts hitlériens, et des blagues sur la Shoah.
Une étudiante a porté plainte, et du coup, s’est retrouvée ostracisée, au point d’avoir à changer de faculté, sur les conseils d’un doyen.
Ceci s’est passé en région parisienne, et aussi à Strasbourg, où les étudiants n’ont pas osé porter plainte.
« La bête immonde revient » entend-on.
Peut-être n’est-elle jamais partie ! Mais elle redevient visible depuis peu sur la place publique.
Je penche plutôt pour cette interprétation.
En 1940, toute l ‘Europe est touchée par l’antisémitisme, mais, bien après l ‘arrêt de la Shoah, des pogroms, –mot d’origine russe -, ont touché des peuples réputés pacifiques comme le Maroc, la Tunisie, le Yémen …
L’antisémitisme est vieux comme nos civilisations, c‘est l’animalité qui perdure, c’est l’homme qui refuse d’avancer. Avant d’être humanisés, nous sommes avant tout des animaux, même si, certes, nous sommes doués de parole.
Mais quand l’atavisme nous guide, nous restons des bêtes, nous sommes « bêtes », au sens propre du terme !
Bêtes à perdre toute clairvoyance, tout regard humain.
Idiots, jaloux de l’autre, celui qui ne se laisse pas envahir « par sa propre bestialité ». Ce dernier peut alors semblé paré de toutes les qualités, imaginaires, et envié secrètement.
L’homme « bête » est simplement frustré, privé de sa part entière d’humanité.
L’apprenti médecin de peut prétendre à soigner l’autre, si il ne se soigne pas avant lui-même de cette grave pathologie.
Je ne pense pas que la France soit plus antisémite qu’avant guerre, au contraire, mais « la parole qui se libère » est un phénomène glaçant. D’ailleurs est-ce la bonne formulation ? Ne pourrait-on pas parler d’aboiement ? Mot souvent entendu de la bouche des survivants des camps.