Rouges jardinspar Guy Grandjean
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C’est l’ours qui nous a offert la pomme, pas Eve

Nature


Vol de graines sur neige

Vol de graines sur neige

 

Félix Leclerc : la pomme est une fleur qui a rencontré l‘amour.

C’est un biologiste soviétique Nikolaï Vavilov qui commence l’étude génétique des pommes en 1929. Il en continue l’inventaire commencé par le botaniste Allemand Sievers, un travail incroyable, et il en étudie la génétique façon Mendel. Très, très mal vu à cette époque. Il se heurte au puissant Lyssenko. Pour ce dernier, la toute nouvelle science génétique est une science bourgeoise. C’est le biologiste officiel défendu par Staline : Nikolaï mourra, torturé, dans la prison de Saratov en 1943.

En 1945, un agronome kazahk, Aymak Djangaliev reprend ce travail et consacre sa vie aux incroyables pommiers des forêts de la région d’Almaty au Kazakhstan. Après bien des déboires, il réussit en 1989 à officialiser ses recherches. Une émouvante ténacité, hors du commun, qui un exemple pour nous tous.

Aymac Djangaliev

En 2010, les généticiens séquencent l’ADN de ce Malus sieversii, et montrent ainsi qu’il est l’ancêtre de toutes nos variétés de pommes. Dans ces forêts proches de la frontière chinoise, 6000 variétés ont été découvertes, une diversité improbable. La diversité génétique s’est révélée d’une efficacité redoutable contre les attaques des pestes qui sont très peu présentes. Ceci intéresse les pomiculteurs du monde entier, qui deviennent en ce moment la risée des amateurs, avec leur 20 passages et plus de pesticides par an. Tout ça pour nous vendre des fruits croquants, colorés façon plastique vernissé : ces cultures sont en plein naufrage, la tavelure, l’oïdium, et autres pestes mutant en permanence.

Ours croquant la pomme.
Ours croquant la pomme.

Il faut se représenter des arbres de 20 mètres de haut, voire 30. Des arbres parfois bi centenaires, ou plus. A plusieurs troncs épais parfois. Et le plus étonnant : imaginez des ours grimper sur ces arbres imposants, couverts de pommes. Voyez les secouer les branches, dégringoler du tronc, et se gaver de pommes.

Cet ours du Tian Shan s’en nourrit depuis des millions d’années.

En 1998, Barrie Juniper, d’Oxford, en a récolté les crottes, qui sont bien sur bourrées de pépins en automne. Qui peuvent germer très vite après défécation.

C’est bien l’ours qui, en préférant les variétés grosses, goûteuses et sucrées, a sélectionné au cours du temps les variétés qui font de la pomme le fruit le plus consommé au monde.

Dans les années moins 20000 ans , les nomades en ont commencé le commerce. Puis les sumériens ont inventé la greffe vers moins 7000. Malheureusement, en sélectionnant les variétés les plus visuellement chatoyantes, les cultivateurs ont perdu en quelques milliers d’années les gènes de résistance aux pestes.

 

Etre ou paraître, tout est là !

Arbre qui s’est gourré
Arbre qui s’est gourré

One apple a day keeps the doctor away

Ceci a été vérifié à Angers en 2009, où il a été montré que la consommation de deux pommes par jour faisait baisser le cholestérol de 10 % en deux mois. En 2011, le Dcr Barham aux States a chiffré à 23 % la baisse du LDL après six mois d’une consommation de deux pommes par jour. Une pomme de 180 grammes contient 4 grammes de fibres, l’équivalent de 150 grammes de légumes frais. J’ai vérifié sur moi même ces assertions : j’ai normalisé une forte LDLémie en quelques petites années en consommant trois pommes par jour en hiver, sans autre changement alimentaire.