Rouges jardinspar Guy Grandjean
search icon
Retour

2003, l’année des civettes

Ecologie

 

2003 l’année des civettes

Le début de cette année commence mal en Chine. Une flambée d’un virus respiratoire nouveau venu, commencée en 2002, échappe aux médecins Chinois qui cafouillent sérieusement pendant des semaines, voire des mois.. Un Coronavirus, agent du SRAS, est à l’origine d’une épidémie qui durera quelques mois, première épidémie féroce du XXI ième siècle.

Zhong Nanshan

C’est Zhong Nanshan qui le premier perçoit que le syndrome respiratoire aigu sévère « ne fait pas grippe », grâce à son interprétation des imageries.

Guan Yi

Son collègue virologue de l’université de Shantou, Guan Yi, à Hong Kong le confirme rapidement. C’est un virus différent du virus grippal H5N1, que tous les labos guettent à l’époque. C’est un Coronavirus. Guan Yi analyse de nombreux prélèvements pratiqués à l’épicentre de l’épidémie, dans la province de Guangdong. On le retrouve chez les civettes, petits mammifères de la taille d’un chat. Consommées en Chine, vendues dans des marchés à animaux vivants, où règne une propreté douteuse, elles proviennent d’élevages de la région. Plus tard, on démontrera que ce virus circulait depuis longtemps, silencieusement, chez les chauve souris.

Zhong Nanshan est le médecin le plus célèbre de Chine. C’est son intervention qui sera à l’origine de l’incroyable rapidité de la réaction des autorités chinoises à l’épidémie d’un autre Coronavirus responsable de la Covid, début 2020. C’est un intouchable, ainsi que Guan Yi, qui dirige maintenant le plus important laboratoire de virologie de Chine à Shanghai.

Récemment Guan Yi a émis publiquement des doutes sur la politique « 0 covid » menée de manière musclée par le gouvernement chinois.

L’été 2003 connaîtra ensuite le deuxième choc climatique d’une grande violence, après 1976. 15 000 personnes âgées n’y survivent pas dans notre pays. Cinq millions de volailles meurent de chaleur. On remet en service vite fait quatre centrales au charbon pour faire face à l’augmentation de la consommation électrique, dans notre pays pourtant très peu climatisé à cette époque. L’Italie connaît une panne de courant généralisée. Le plus impressionnant : la production agricole baisse de 20 %. C’est aussi l’année des Scolytes : ces insectes prolifèrent sous l’écorce des arbres stressés par la chaleur;  il faut dire aussi qu’ils avaient été aussi bien secoués par la tempête de 1999. Des forêts entières d’épicéas n’y survivront pas.

 

La main au café

 

POST SCRIPTUM CRYPTIQUE : LE CRYPTOSPORIDIUM

Cette année là deux épidémies de gastro-entérite surprennent, à Divonne les Bains et à Vesoul. Du coup, en 2004 sera organisé un réseau de surveillance d’un nouveau venu chez les emmerdeurs.

 Ce monocellulaire, un protozoaire, est une coccidie de petite taille, 5 à 8 microns.

La cryptosporidiose se classe donc à côté des amoebose, giardiose, cystoisosporose (Cytoisospora belli, ex Isospora belli) et cyclosporose (Cyclospora cayetanensis).

Les micosporidies, Enterocytozoon et autres Encephalitozoons, sont classées maintenant chez les champignons.

Le Cryptosporidium est un pathogène d’origine hydrique dans le plus grand nombre de cas, très résistant dans l’environnement. Cinq espèces nous sont nuisibles, mais la majorité des cas sont dus à C. hominis, propre aux hommes, et surtout l’ubiquiste C. parvum, parasite non spécifique. Les animaux, porcins, ovins, caprins, et surtout bovins, peuvent être contaminés de manière massive. Seul un traitement complexe de l’eau (filtration plus TTT UV, ozonisation) est efficace, une simple chloration a un effet quasi nul. Notre nouvelle usine Nantaise de traitement de l’eau, à Malakoff, est compétente.

Mais aux Etats-Unis, en 1993, on a vu une  belle éclosion, 400 000 cas,  à 100 millions de dollars comme disent nos amis américains un peu pognoné-centrés. Les médecins outre atlantique considèrent qu’ils sont à l’origine de 7 % des diarrhées banales chez l’enfant.

En France, c’est sans doute moins, mais on ne sait pas vraiment, on détecte un pic en été dans les relevés du réseau Anofel Cryptosporidium .

Lors de l’épidémie de sida, dans les années 1985, les services de parasitologie avaient appris à le diagnostiquer : après concentration, coloration de Ziehl-Neelsen modifiée. Les oocystes apparaissent rose fuchsia sur fond bleu-vert. Très joli.

On dispose maintenant d’une PCR, accessible dans les panels gastro-intestinaux. Pas de sérologie en usage diagnostic.

Si chez l’enfant, cette diarrhée aqueuse de dix, quinze jours n’est jamais grave, et traitée de manière purement symptomatique, l’immunodépression peut entrainer une chronicité, entrainant  une cachexie, et parfois le décès. Dans les pays développés, le Cryptosporidium  est à l’origine de 14 % des cas de diarrhées chroniques chez les malades du sida, mais dans les pays en développement ce taux peut aller jusqu’à 60 % des cas. C’est une diarrhée cholériforme, jusqu’à dix litres par jour…

Le traitement est difficile, nitazoxanide, rifaximine, mais aucun n’a, pour l’instant, fait vraiment ses preuves. Le traitement antirétroviral suffit en général pour faire disparaître le parasite, par restauration de l’immunité. Dans nos pays, les diagnostics les plus fréquents sont maintenant posés chez les greffés –rénaux, de moelle…-, les hémopathies, les chimios… Avec un sous diagnostic probable pour les diarrhées de ville. Les cas après baignade ne sont pas rares. Les personnes sévèrement immunodéprimées doivent utiliser de l’eau en bouteille, ou faire bouillir l’eau, dont la qualité dépend de l’usine de traitement, et de l’état du réseau.

 

 

Cryptosporidium