La science entre les oreilles
Entendre la science fracassciente
La science devrait éclairer un monde devenu complexe, et le guider même, mais les hommes n’en veulent pas.
Ce dont ils veulent bien, c’est du père Noël, qui a toujours cartonné dans notre culture, maintenant mondialisée. Un hybride de Père Noël et de professeur Tournesol. Tous les cadres d’industrie, les “décideurs”, les hommes politiques, tout compte fait, la plupart des hommes rêvent, rêvent d’une autre science, d’une science… qui n’existe pas encore.
Celle qui donnerait la solution à tous nos soucis environnementaux qui s’avèrent cataclysmiques. Ce qui s’appelle le scientisme, authentique « idéologie » dominante, qui imprègne nos comportements, toutes nos écoles, donc oriente toutes les décisions prises dans nos sociétés dites évoluées.
Pour ne donner qu’un exemple, malgré des journées de blablas, des grosses caisses de rapports éclairés, nos émissions de CO2 n’ont pas baissé depuis la COP de Paris en 2015 ; sans doute dans l’espoir secret de sauvegarder tout notre grand confort, et notre gigantesque machine à gaz, pillage, le libéralisme triomphant, avec des nouvelles technologies, pourquoi pas grâce à de nouvelles découvertes scientifiques !
Voici l’histoire d’un brillant chercheur, qui pose une question universelle : comment peut-on être chercheur génial en biochimie, et même prix Nobel, et ne pas vraiment « ressentir » « la démarche scientifique » ?
Ce chercheur, prix Nobel américain, vient de mourir, en laissant à d’autres le soin d’éclaircir le mystère de son propre fonctionnement. Il a révolutionné la biologie, en mettant au point la technique PCR dans les années 1980. Tous les labos d’analyse génétique au monde utilisent cette technique, ou des techniques s en inspirant. Elle consiste à « amplifier » ce qu’on veut analyser ; en l’occurrence un tout petit morceau d’ADN, indétectable par toute autre technique.
C’est dire sans emphase : le monde entier a progressé grâce à lui.
Cette mise au point a valu à son auteur une extraordinaire notoriété. Ceci ne l’a nullement empêché de prendre des positions publiques surprenantes, consternantes, totalement « décalées », il est vrai sur des sujets scientifiques éloignés de son sujet d’études.
Il a fait partie des scientifiques qui, dans les années 1990, remirent en cause le lien entre virus et SIDA. Incroyable ! mais vrai.
C’était le début d’internet, et ce nouveau mode de communication n’a pas servi qu’à la propagation de vidéos pornos. Internet est tout de suite devenu un espace extraordinaire de liberté, espace investi par les paroles de tout bord, de tout pays, de tout groupe etc. Sans doute pour le meilleur, et pour le pire, dit-on.
Et ces scientifiques de haut vol, niant le rôle d’un virus dans cette nouvelle pathologie, presqu’adeptes « de la théorie du complot », se firent connaître ainsi du monde entier. C’est ainsi qu’ils servirent de caution au président Sud Africain qui succéda à Nelson Mandela. D’où le retard considérable dans le traitement de cette maladie. Ce qui arrangeait sans doute leurs finances. Les thérapies recommandées par ces autorités politiques pour la « slim desease », la « maladie de la maigreur », étaient extravagantes, et ne reposaient sur aucune expérience, fusse-t-elle préscientifique.
Combien de morts sur la conscience pour ce président ?
Ce biochimiste nobélisé a aussi nié la présence du fameux trou de la couche d’ozone, et supportait des « climatosceptiques », curieusement nombreux aux “States”. Autant de points de vue relayés par les grands medias, puisque dans un « débat contradictoire », on est à 50pour, 50contre, même si dans 99 % des labos de la Planète règne un consensus imposé par les découvertes scientifiques : dans cette activité, l’esprit humain « s’efface » devant « le fait », devant les résultats de l”expérience”. L’orgueil des grands scientifiques doit composer avec l ‘humilité nécessaire aux remises en cause que cette démarche peut entrainer .
Plus près de nous en France, un célèbre virologue nobélisé s’est affiché télévisuellement avec un « gourou » bon teint, tenant un discours ambigu sur la vaccination, dans des termes parfois d’une vulgarité surprenante, qui met la puce à l’oreille. Tous les deux manifestaient une ignorance somme toute confondante sur ce sujet un peu compliqué.
Comment des hommes peuvent-ils ainsi être coupés en deux ?
Ultra brillant dans un domaine, gros bêta dans d’autres ?
Science, Scio, Savoir en latin, Connaissance, Cum Noscere : une connaissance n’est pas une information. Nous croulons tous sous une avalanche d’informations. Mais une information fait elle une « connaissance » ?
»J’en ai pris connaissance » est-il équivalent à « merci pour l’info » ?
Petite nuance, minuscule nuance, connaître semble sonner comme « un arrêt sur image », une ponctuation, un instant pour souffler, pour réfléchir…
Les hommes écoutent leurs médecins, et le succès de notre médecine repose en grande partie sur les fruits de la démarche scientifique, pourquoi n’entendent-ils pas les climatologues ?
Pourquoi nos sociétés en sont elles à tenter d’entendre une jeune fille dite « autiste », qui, suivant ses puissantes pulsions de vie et sa sensibilité, invite le monde entier, à entendre la science, à donc de cette manière redécouvrir « notre lien perdu avec la nature » ?