La traversée du désert
Nous commençons donc la traversée du désert.
Dès cette année, un quart de l’humanité souffre du manque d’eau. A la vitesse où notre bonne vieille terre bouillonne, c’est au bas mot trois milliards de personnes menacées de famine dès 2030, en fait, dès demain. Toutes les prévisions, prudentes du GIEC sont avérées, en pire. Ce ne sont pas nos enfants qui seront touchés, c’est nous. Il nous reste à adopter le comportement de ce gastéropode, qui n’a pas hésité à affronter ce chemin poussiéreux, pour un espoir de verdure. Il nous reste à nous adapter, ce qu’a fait l’homme depuis qu’il est Homo, ce qu’a fait Homo depuis qu’il est mammifère, ce qu’a fait le mammifère depuis qu’il est quadrupède…
Et nous adapter est fort simple, je veux dire qu’il n’y a pas mille manières de s’adapter. Il n’y en a qu’une, il n’y a donc qu’une voie étroite. C’est celle qui consiste à faire baisser nos émissions de CO2.
Faire baisser nos émissions, et rapidement. L’Europe ne s’est pas mise d’accord pour la neutralité carbone en 2050. Sans solution de solidarité pour la Pologne et quelques pays de l’Est, c’était tout bonnement impossible, sans changer les règles européennes de fonctionnement. La France a adopté cette position, mais qu’en est il exactement, en pratique ? Que s’est-il passé depuis 2015, l’année de la fameuse COP de Paris ?
Avec notre escargot, il est tentant de parler vitesse, donc transport, donc voiture : un tiers des ventes françaises sont des SUV, gros émetteurs de CO2. Souvent en ville, avec un seul conducteur dedans. A eux seuls ces SUV annulent tous les progrès d’émission faits dans ce domaine. Ajouter la croissance incroyable du transport aérien, utilisant un carburant détaxé, le kérosène, et là, vous ne pigez plus.
Ou vivons nous un “syndrome Mattéi” généralisé ?
Quezaco ? Mr Mattei était Ministre de la santé en 2003, l’année des Scolytes, de la deuxième canicule*, son ministère avait réussi un très grand tour de force : ne pas voir la pagaille monstre qui régnait dans tous les hôpitaux français ; particulièrement les urgences débordées qui voyaient chaque jour arriver de très nombreuses personnes âgées en grande détresse. Sous le “prétexte vraiment mince “, que ça n’était jamais arrivé”…
Oui la nature crève, et nous avec, des inconséquences humaines, et ça n’est jamais arrivé ! Et on ne meurt qu’une fois, que ce soit elle ou nous, ou les deux !
Les solutions sont pourtant simples : dans ce domaine des transports, abandonner l’avion, et la voiture, quand on le peut. Et quand c’est impossible, prendre les voitures les plus sobres possibles. Malheureusement les constructeurs ont voulu garder “ l’image voiture ”, ce qui fait que l’offre de petites électriques est faible : la Twizy et la Smart. Le poids des autres a priori les rend bien peu efficaces, en terme de bilan carbone global. Les constructeurs sont piégés par trente ans de maketing forcené à la gloire de deux tonnes métalliques mobiles, dont ils ont fait un symbole extraordinairement puissant. A tel point qu’on a pu voir dans certaines entreprises de mathématiques changements de cylindrée à chaque échelon hiérarchique franchi !
Le temps politique pour ce changement radical est trop long : nous serons bien avant grillés comme des chipolatas. C’est aux citoyens de prendre les devants, s’ils veulent survivre.
Dans un domaine plus léger, le marketing a d’autres succès stupéfiants à son actif . Chaque année 30 tonnes (!) de bave d’escargots sont produits pour être incorporés à des produits dermatologiques. Et je vous assure que c’est un sacré savoir faire ! Absolument rien n’a été démontré dans ce domaine. Tout ceci est de la pure magie. Parler mucus, allantoïne, acide glycolique, et en faire pénétrer 10 litres dans cent grammes de crème, quelle performance ! Cela suffit au gogo. Mais il est tout à fait navrant que les 7 millions de cagouilles élevées pour cette industrie ne soient pas transformés en délicieux plats : 7OO OOO assiettes d’un mets riche en protéines, dans un monde qui se dirige tout droit vers le retour des grandes famines ! Quelle pitié !
*1976 avait été la première, l’année des coccinelles.
J’offre un de mes livres avec un joli logo à celui ou celle qui change de voiture après avoir lu mon article (Qui fait suite à “quand une belle embellie d’embolies »)