Rouges jardinspar Guy Grandjean
search icon
Retour

Un fol enseigne bien un sage

Philosophie

Parole populaire, rapportée par Rabelais, médecin.


Perdu dans le tube de la Saracenia

Perdu dans le tube de la Saracenia

L’intelligence qui nous a précédés sur terre, que j’appelle nature, a créé des formes de vie à profusion. Depuis l’australopithèque, elle n’en finit pas du très long chantier de l’hominisation. Les singes bimanes et nus qu’elle a fini par concevoir, sont des  drôles de zèbres qui semblent lui échapper. lls vivent insastifaits des prodigieuses potentialités qu’elle a placées en eux, et qu’ils ont ensuite entretenues et exacerbées durant ces millions d’années d’évolution.


La bergeronnette unijambiste hoche de la queue quand même

La bergeronnette unijambiste hoche de la queue quand même

Même les armes déposées, une folie spécifique les contraint à guerroyer à chaque instant entre eux et contre elle : dans le meilleur des cas, l’homme moderne réduit sa “mère nature” à un simple mécano. Dans le pire, il peut éteindre toute trace d’amour humain, et redevenir insecte perdu.


La mante religieuse est une prophétesse. Seul insecte à pouvoir vous observer en bougeant la tête, elle prie quand elle est en chasse.

La mante religieuse est une prophétesse. Seul insecte à pouvoir vous observer en bougeant la tête, elle prie quand elle est en chasse.

Les historiens témoignent que, dans les cours royales, seul le bouffon et ses marottes, -ses marionnettes-, rapportaient quelquefois les vérités indicibles pour le commun des mortels, et le roi lui-même. Dans un monde où l’agressivité étreignait chaque seconde, un mot mal pesé, un regard mal évalué et c’était la disgrâce. L’affrontement verbal, quasi-permanent, imposait la recherche « du dernier mot » : c’était avoir raison toujours et partout, l’esclavage de la puissance. Quant à l’affrontement physique, il  profita au XXième siècle des nouvelles technologies pour se répandre deux fois comme traînée de poudre.


fourmis.jpeg Guy Grandjean

1939  Conformément à son programme initial appelé « l’action », le Führer signe le décret instaurant la mise à mort des malades mentaux et incurables, environ deux cents mille  personnes. Soixante quinze mille vieillards seront également exterminés, avant tout par calcul économique.

La France n’est pas touchée par ce plan. Mais dès 1939, la malnutrition s’installe et touche lourdement les asiles psychiatriques.


DSC_0203.jpeg Guy Grandjean

A Lyon, l’hospice du Vinatier propose à ses 2500 malades :

– en mars 1939, une ration représentant 2600 calories.

– en novembre 1939, une ration représentant 1600 calories.

– en décembre 1941, une ration représentant 1400 calories.

– en mars 1942, la ration remonte à 1900 calories car des centaines de pensionnaires sont morts d’inanition.

L’administration et de nombreux médecins camouflent la vérité, rendant l’atmosphère encore plus pesante ; aussi le diagnostic « mort de faim », quand il est écrit, devenait un authentique, quoique minuscule, acte de résistance.


DSC_0217.jpg Guy Grandjean

Ilot d’humanité dans un océan d’animalité, le docteur Bonnafé nous laisse ces quelques mots : « il était courant que des malades les plus « autistiques », les plus retranchés hors du champ de la communication commune, « guérissent pour mourir ». Ils restauraient alors, dans leurs derniers moments, des capacités d’échange les plus intenses, contredisant tout ce à quoi l’école de médecine avait enseigné qu’ils étaient insensibles. »


La monarde folle

La monarde folle

A la même époque, le docteur Follin suit une patiente atteinte de tuberculose évolutive liée à la dénutrition, qui vit à l’hospice de Ville-Evrard. Les neuroleptiques y sont encore inconnus : c’est donc la camisole de force, permanente, qui l’empêche de se jeter au visage des autres. Le médecin avait essayé d’entrer en contact avec elle, mais il n’en avait jamais reçu « que des regards fulgurants, angoissés, et un galimatias explosif où les syllabes même n’étaient guère décelables ». Absent le soir de son décès, les infirmières lui rapportèrent qu’une demi-heure avant sa mort, elle avait parlé normalement, « allant même jusqu’à s’excuser des ennuis qu’elle leur avait causés pendant tant d’années. »


IMG_1455 2.jpg Guy Grandjean

Machine à traiter les fous XIX ième siècle.